Dans la nuit de lundi à mardi, les locaux brestois de l’association Eau et Rivières ont été forcés et vandalisés. Des menaces de mort visant l'association comme Gérard Borvon, ancien porte-parole des Verts, ont été taguées sur un mur, ainsi que sur deux sens giratoires, à Landerneau. Ces déprédations ont eu lieu peu après la dispersion de deux manifestations agricoles.
Colère agricole. Eau et Rivières visée (Télégramme 29)
Site de S-EAU-S
Vitre cassée, photocopieuse renversée, livres et tracts éparpillés autour d’étagères renversées, tags plus qu’explicites : « On aura ta peau Borvon »... Après Guingamp (22), dans la nuit de vendredi à samedi, c’est au tour du local brestois d’Eau et Rivières d’être pris pour cible. « Déplorable », commentait, hier, l’association, qui tout comme l’ancien porte-parole des Verts Bretagne, Gérard Borvon, a déposé plainte, soupçonnant des agriculteurs d’avoir commis ces dégradations. Elle regrette que les leaders syndicaux agricoles « aient attisé un peu les haines dans leurs interventions médiatiques. Ces lobbys ont tellement bloqué le processus de l’État qu’ils se retrouvent au pied du mur et laissent des gens désorientés se tourner vers le lampiste du coin ». Rappelons que le contexte est celui de la directive de 1975 qui impose de respecter un taux de 50 mg de nitrates par litre dans les captages d’eau. À plusieurs reprises, Eau et Rivières avait interpellé les instances européennes pour dénoncer sa non-application. L’ État, mis en demeure, a récemment convoqué les élus et les syndicats pour annoncer des mesures drastiques, comme le rabaissement du taux autorisé de fertilisation azotée, ramené de 210 à 140 kg.
« L’État doit reprendre sa place »
Grosse colère des éleveurs, particulièrement des plus petits, pris en tenaille entre leurs emprunts faramineux et les objectifs environnementaux. Beaucoup attribuent leurs malheurs à Eau et Rivières. « Ce sont des gens que l’on a instrumentalisés. La profession agricole se trompe de cible. Eau et Rivières n’est pas le décideur », commentait, hier, l’association, qui concède que les directives de l’État « sont brutales ». Alors que la FDSEA vient de l’inviter à une réunion publique, à Plouvorn, Eau et Rivières veut préalablement une condamnation, par les leaders syndicaux, de « ces actes d’intimidation ». Elle appelle, également, l’État à « reprendre sa place et à inviter toutes les composantes agricoles, associatives et les élus locaux autour de la table ».
« L’impasse n’est pas le fait des écologistes »
De leur côté, les Verts du Pays de Brest dénonçaient un « lamentable nouvel épisode. L’impasse dans laquelle se trouvent aujourd’hui nombre d’agriculteurs n’est pas le fait des écologistes qui n’ont cessé de crier, depuis des années, que le modèle agricole breton les emmenait dans le mur ». Le président de la FRSEA de Bretagne, Joseph Menard, affirmait, hier soir, « ne pas être au courant de ces faits », mais souligné que « les plaintes d’Eau et Rivières de Bretagne commencent à exaspérer le monde des agriculteurs », ajoutant que « la qualité de l’eau en Bretagne s’est beaucoup améliorée, notamment grâce aux efforts des agriculteurs ».
Thierry Charpentier
Vitre cassée, photocopieuse renversée, livres et tracts éparpillés autour d’étagères renversées, tags plus qu’explicites : « On aura ta peau Borvon »... Après Guingamp (22), dans la nuit de vendredi à samedi, c’est au tour du local brestois d’Eau et Rivières d’être pris pour cible. « Déplorable », commentait, hier, l’association, qui tout comme l’ancien porte-parole des Verts Bretagne, Gérard Borvon, a déposé plainte, soupçonnant des agriculteurs d’avoir commis ces dégradations. Elle regrette que les leaders syndicaux agricoles « aient attisé un peu les haines dans leurs interventions médiatiques. Ces lobbys ont tellement bloqué le processus de l’État qu’ils se retrouvent au pied du mur et laissent des gens désorientés se tourner vers le lampiste du coin ». Rappelons que le contexte est celui de la directive de 1975 qui impose de respecter un taux de 50 mg de nitrates par litre dans les captages d’eau. À plusieurs reprises, Eau et Rivières avait interpellé les instances européennes pour dénoncer sa non-application. L’ État, mis en demeure, a récemment convoqué les élus et les syndicats pour annoncer des mesures drastiques, comme le rabaissement du taux autorisé de fertilisation azotée, ramené de 210 à 140 kg.
« L’État doit reprendre sa place »
Grosse colère des éleveurs, particulièrement des plus petits, pris en tenaille entre leurs emprunts faramineux et les objectifs environnementaux. Beaucoup attribuent leurs malheurs à Eau et Rivières. « Ce sont des gens que l’on a instrumentalisés. La profession agricole se trompe de cible. Eau et Rivières n’est pas le décideur », commentait, hier, l’association, qui concède que les directives de l’État « sont brutales ». Alors que la FDSEA vient de l’inviter à une réunion publique, à Plouvorn, Eau et Rivières veut préalablement une condamnation, par les leaders syndicaux, de « ces actes d’intimidation ». Elle appelle, également, l’État à « reprendre sa place et à inviter toutes les composantes agricoles, associatives et les élus locaux autour de la table ».
« L’impasse n’est pas le fait des écologistes »
De leur côté, les Verts du Pays de Brest dénonçaient un « lamentable nouvel épisode. L’impasse dans laquelle se trouvent aujourd’hui nombre d’agriculteurs n’est pas le fait des écologistes qui n’ont cessé de crier, depuis des années, que le modèle agricole breton les emmenait dans le mur ». Le président de la FRSEA de Bretagne, Joseph Menard, affirmait, hier soir, « ne pas être au courant de ces faits », mais souligné que « les plaintes d’Eau et Rivières de Bretagne commencent à exaspérer le monde des agriculteurs », ajoutant que « la qualité de l’eau en Bretagne s’est beaucoup améliorée, notamment grâce aux efforts des agriculteurs ».
Thierry Charpentier
Des panneaux et la chaussée tagués
Lundi, entre 22 h 15 et 23 h 45, heure de leur dispersion « dans le calme », rapportent les gendarmes de la compagnie de Landerneau, une cinquantaine d’agriculteurs a manifesté aux giratoires de Mescoden, à Ploudaniel, et Saint-Eloi en Plouédern, sur l’axe Landerneau-Lesneven. Les paysans ont tagué panneaux de signalisation ou d’information et peint de nombreux slogans sur la chaussée. Signé « BV », comme bassin-versant, ce « bombage » était dirigé, notamment, contre les associations de défense de l’environnement. Elles ont, en effet, pris position dans le débat qui fait rage sur la menace de fermeture des captages d’eau sur l’Horn ou l’Aber-Wrac’h.
Nitrates : des agriculteurs contre Bruxelles (Ouest France)
Paru dans l'édition du vendredi 2 mars 2007
Le 21 mars, la France risque d'être condamnée pour excès de nitrates dans neuf bassins versants bretons. L'épilogue d'un dossier vieux de 30 ans.
La grogne monte dans le monde agricole de l'ouest de la Bretagne. Dans la nuit de lundi à mardi, les locaux de l'antenne brestoise de l'association Eau et Rivières, ont été mis à sac. Mercredi soir, 400 agriculteurs ont manifesté à Guingamp. Tandis qu'une nouvelle manifes- tation rassemblait 250 personnes hier soir, à Lannion, les agriculteurs du bassin versant de l'Horn, près de Morlaix, étaient réunis à Plouvorn.
Ce n'est ni le prix trop bas du porc ou du chou-fleur qui justifie cette montée d'adrénaline. Non, c'est l'avenir d'un modèle d'agriculture productiviste, à la fois admiré et décrié, qui est en jeu. La culture et l'élevage intensifs ont toujours fait mauvais ménage avec la qualité de l'eau. Et la Commission européenne s'impatiente. En janvier, elle estime que les résultats demandés depuis 2001, se font attendre : neuf bassins versants bretons posent encore problème.
Le préfet : « Atteindre les 50 mg par litre »
Bruxelles menace la France d'une très forte amende. Le 12 février, le préfet de Région, Jean Daubigny, tranche. Il décide de suspendre les prélèvements d'eau dans quatre captages hors normes, et propose de limiter autoritairement la fertilisation azotée autorisée sur les cinq autres (voir carte). Dans les campagnes du Finistère, des Côtes-d'Armor et du nord de l'Ille-et-Vilaine, c'est l'affolement.
Les premiers à tirer la sonnette d'alarme, dès la fin des années 1970, ont été les écologistes, inquiets de l'augmentation du taux de nitrates dans l'eau, directement liée à l'excès de fumure azotée sur les cultures. Personne, ou presque, ne les écoute. À l'époque, les agriculteurs bretons, encouragés par leurs dirigeants et les fournisseurs d'engrais, ne suivent qu'une seule consigne : produire toujours plus ! Plus de lait, plus de porcs, plus de volailles, plus de légumes, plus de maïs. Dès 1975, une directive européenne fixe un maximum de 50 mg de nitrates par litre pour l'eau de consommation. Dans les années 1990, ce plafond est dépassé sur la plupart des cours d'eau bretons. Il est plus que temps de réagir.
« Jusqu'à la fin des années 1980, on a produit sans tenir compte du problème de l'environnement », reconnaît André Sergent, éleveur et vice-président de la Chambre d'agriculture du Finistère. À partir de 1990, contraints et forcés par les réactions de l'opinion publique et surveillés de près par la Commission européenne, les agriculteurs inversent la vapeur. Ainsi, entre 1995 et 2005, les agriculteurs finistériens ont investi 213 millions d'euros pour mettre leurs élevages aux normes et résorber les excédents de lisier. L'État aussi a mis la main à la poche. On a vu se mettre en place les programmes Bretagne Eau pure 1 et 2.
Résultat : en 1999, 37 bassins versants dépassaient le plafond de 50 mg/litre. Ils n'étaient plus que 15 en 2001. Fin 2006, il en reste encore neuf. « Effort insuffisant et tardif », estiment les défenseurs de l'environnement et les agriculteurs partisans d'un modèle de production moins intensif.
« Il faut tenir compte de l'extraordinaire effort de la profession depuis dix ans, réplique le préfet de Région. On n'a pas investi en vain. Tout sera fait pour atteindre les 50 mg/l sur les neuf bassins qui posent encore problème. »
Aujourd'hui, tout est dans les mains de la Commission européenne. Soit la France est condamnée à payer plus de 100 millions d'euros d'amende assortis d'astreintes de plusieurs dizaines de millions d'euros par an. Soit la France échappe à l'amende, mais elle devra quand même mettre les agriculteurs bretons concernés au régime sec.
Philippe GAILLARD.
Le 21 mars, la France risque d'être condamnée pour excès de nitrates dans neuf bassins versants bretons. L'épilogue d'un dossier vieux de 30 ans.
La grogne monte dans le monde agricole de l'ouest de la Bretagne. Dans la nuit de lundi à mardi, les locaux de l'antenne brestoise de l'association Eau et Rivières, ont été mis à sac. Mercredi soir, 400 agriculteurs ont manifesté à Guingamp. Tandis qu'une nouvelle manifes- tation rassemblait 250 personnes hier soir, à Lannion, les agriculteurs du bassin versant de l'Horn, près de Morlaix, étaient réunis à Plouvorn.
Ce n'est ni le prix trop bas du porc ou du chou-fleur qui justifie cette montée d'adrénaline. Non, c'est l'avenir d'un modèle d'agriculture productiviste, à la fois admiré et décrié, qui est en jeu. La culture et l'élevage intensifs ont toujours fait mauvais ménage avec la qualité de l'eau. Et la Commission européenne s'impatiente. En janvier, elle estime que les résultats demandés depuis 2001, se font attendre : neuf bassins versants bretons posent encore problème.
Le préfet : « Atteindre les 50 mg par litre »
Bruxelles menace la France d'une très forte amende. Le 12 février, le préfet de Région, Jean Daubigny, tranche. Il décide de suspendre les prélèvements d'eau dans quatre captages hors normes, et propose de limiter autoritairement la fertilisation azotée autorisée sur les cinq autres (voir carte). Dans les campagnes du Finistère, des Côtes-d'Armor et du nord de l'Ille-et-Vilaine, c'est l'affolement.
Les premiers à tirer la sonnette d'alarme, dès la fin des années 1970, ont été les écologistes, inquiets de l'augmentation du taux de nitrates dans l'eau, directement liée à l'excès de fumure azotée sur les cultures. Personne, ou presque, ne les écoute. À l'époque, les agriculteurs bretons, encouragés par leurs dirigeants et les fournisseurs d'engrais, ne suivent qu'une seule consigne : produire toujours plus ! Plus de lait, plus de porcs, plus de volailles, plus de légumes, plus de maïs. Dès 1975, une directive européenne fixe un maximum de 50 mg de nitrates par litre pour l'eau de consommation. Dans les années 1990, ce plafond est dépassé sur la plupart des cours d'eau bretons. Il est plus que temps de réagir.
« Jusqu'à la fin des années 1980, on a produit sans tenir compte du problème de l'environnement », reconnaît André Sergent, éleveur et vice-président de la Chambre d'agriculture du Finistère. À partir de 1990, contraints et forcés par les réactions de l'opinion publique et surveillés de près par la Commission européenne, les agriculteurs inversent la vapeur. Ainsi, entre 1995 et 2005, les agriculteurs finistériens ont investi 213 millions d'euros pour mettre leurs élevages aux normes et résorber les excédents de lisier. L'État aussi a mis la main à la poche. On a vu se mettre en place les programmes Bretagne Eau pure 1 et 2.
Résultat : en 1999, 37 bassins versants dépassaient le plafond de 50 mg/litre. Ils n'étaient plus que 15 en 2001. Fin 2006, il en reste encore neuf. « Effort insuffisant et tardif », estiment les défenseurs de l'environnement et les agriculteurs partisans d'un modèle de production moins intensif.
« Il faut tenir compte de l'extraordinaire effort de la profession depuis dix ans, réplique le préfet de Région. On n'a pas investi en vain. Tout sera fait pour atteindre les 50 mg/l sur les neuf bassins qui posent encore problème. »
Aujourd'hui, tout est dans les mains de la Commission européenne. Soit la France est condamnée à payer plus de 100 millions d'euros d'amende assortis d'astreintes de plusieurs dizaines de millions d'euros par an. Soit la France échappe à l'amende, mais elle devra quand même mettre les agriculteurs bretons concernés au régime sec.
Philippe GAILLARD.
« Si rien ne bouge, nous lâcherons les chiens » (Ouest France 22)
Les agriculteurs ont terminé, hier soir, leur tour des sous-préfectures à Lannion. Ils attendent la révision des mesures antinitrates.
21 h 30, hier soir. Le périmètre autour de la sous-préfecture de Lannion est bouclé par les forces de l'ordre. Environ 250 agriculteurs affluent. L'ambiance est calme mais la profession reste déterminée. Après Saint-Brieuc, Dinan et Guingamp, les paysans terminent leur tour des sous-préfectures des Côtes-d'Armor. Ils protestent contre le renforcement « radical », par l'État, des mesures de protection de l'eau. Notamment la réduction des apports de nitrates à l'hectare. Au total, neuf captages d'eau sont concernés.
Selon la FDSEA, 1 300 exploitations sont touchées dans le département, dont 23 communes dans le Trégor (Camlez, Pluzunet, Cavan, Quemperven, Langoat...). Pour les agriculteurs, la situation est alarmante : « Si la mesure passe, c'est 25 à 30 % du cheptel qui disparaîtrait. C'est bien simple, c'est comme si on nous disait de partir. » Les paysans ne cachent pas leur amertume : « On ne comprend pas, ce n'est pas un sujet que l'on découvre. Ça fait 10 ans qu'on y travaille et, depuis 3 ans, on mesure les efforts. Globalement, on tend vers la stabilité ou la baisse. »
Jean-Jacques René, de la FDSEA, enfonce le clou : « Nous avons beaucoup investi sur nos fonds propres et, aujourd'hui, on nous montre du doigt. Je ne connais pas une seule profession qui a autant mis de sa poche pour se mettre aux normes. » Vers 22 h, une délégation a été reçue par le sous-préfet Thierry Suquet. Puis, après avoir envisagé une action coup de poing, les manifestants se sont finalement quittés dans le calme. Ils ont toutefois promis de muscler leurs actions si la limitation de 140 kg unité azote par hectare n'était pas revue. « Nous lâcherons les chiens », ont-ils prévenu.
Jean-Jacques René, de la FDSEA, a pris la parole, hier soir, devant la sous-préfecture de Lannion. Une délégation d'agriculteurs a ensuite été reçue par le sous-préfet.
Ouest-France
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21 h 30, hier soir. Le périmètre autour de la sous-préfecture de Lannion est bouclé par les forces de l'ordre. Environ 250 agriculteurs affluent. L'ambiance est calme mais la profession reste déterminée. Après Saint-Brieuc, Dinan et Guingamp, les paysans terminent leur tour des sous-préfectures des Côtes-d'Armor. Ils protestent contre le renforcement « radical », par l'État, des mesures de protection de l'eau. Notamment la réduction des apports de nitrates à l'hectare. Au total, neuf captages d'eau sont concernés.
Selon la FDSEA, 1 300 exploitations sont touchées dans le département, dont 23 communes dans le Trégor (Camlez, Pluzunet, Cavan, Quemperven, Langoat...). Pour les agriculteurs, la situation est alarmante : « Si la mesure passe, c'est 25 à 30 % du cheptel qui disparaîtrait. C'est bien simple, c'est comme si on nous disait de partir. » Les paysans ne cachent pas leur amertume : « On ne comprend pas, ce n'est pas un sujet que l'on découvre. Ça fait 10 ans qu'on y travaille et, depuis 3 ans, on mesure les efforts. Globalement, on tend vers la stabilité ou la baisse. »
Jean-Jacques René, de la FDSEA, enfonce le clou : « Nous avons beaucoup investi sur nos fonds propres et, aujourd'hui, on nous montre du doigt. Je ne connais pas une seule profession qui a autant mis de sa poche pour se mettre aux normes. » Vers 22 h, une délégation a été reçue par le sous-préfet Thierry Suquet. Puis, après avoir envisagé une action coup de poing, les manifestants se sont finalement quittés dans le calme. Ils ont toutefois promis de muscler leurs actions si la limitation de 140 kg unité azote par hectare n'était pas revue. « Nous lâcherons les chiens », ont-ils prévenu.
Jean-Jacques René, de la FDSEA, a pris la parole, hier soir, devant la sous-préfecture de Lannion. Une délégation d'agriculteurs a ensuite été reçue par le sous-préfet.
Ouest-France
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Captages d'eau. 450 personnes suivent l'appel des agriculteurs (Télégramme)
Voir le site du Télégramme
Plus de 450 personnes ont répondu dans le calme à l'invitation de la FDSEA, à la salle polyvalente de Plouvorn, en fin de journée hier, pour évoquer la situation « inacceptable » que les dernières mesures annoncées par l'Etat pour protéger les captages d'eau potable (édition du 28 février) risqueraient de générer, sur l'activité agricole du bassin-versant de l'Horn notamment.
Invités, les représentants de l'association Eau et Rivières ont, comme prévu, décliné.
« Descente » à Paris« Nous refusons tout bonnement ces mesures, car c'est un désastre humain », a martelé Jacques Jaouen, président de la chambre d'agriculture du Finistère. Et, à destination des associations de défense de l'environnement : « Leur objectif est tout bonnement de casser de la production, de casser du paysan ». Pour Thierry Merret, il est « hors de question d'accepter quoi que ce soit dans cette affaire, car au-delà de nos quatre bassins-versants, c'est l'agriculture bretonne dans son ensemble qui est menacée ». Le président départemental de la FDSEA en a profité pour annoncer « une descente en masse » au Salon de l'agriculture, qui s'ouvre demain à Paris, histoire d'en discuter de vive voix avec les ministres concernés...
Plus de 450 personnes ont répondu dans le calme à l'invitation de la FDSEA, à la salle polyvalente de Plouvorn, en fin de journée hier, pour évoquer la situation « inacceptable » que les dernières mesures annoncées par l'Etat pour protéger les captages d'eau potable (édition du 28 février) risqueraient de générer, sur l'activité agricole du bassin-versant de l'Horn notamment.
Invités, les représentants de l'association Eau et Rivières ont, comme prévu, décliné.
« Descente » à Paris« Nous refusons tout bonnement ces mesures, car c'est un désastre humain », a martelé Jacques Jaouen, président de la chambre d'agriculture du Finistère. Et, à destination des associations de défense de l'environnement : « Leur objectif est tout bonnement de casser de la production, de casser du paysan ». Pour Thierry Merret, il est « hors de question d'accepter quoi que ce soit dans cette affaire, car au-delà de nos quatre bassins-versants, c'est l'agriculture bretonne dans son ensemble qui est menacée ». Le président départemental de la FDSEA en a profité pour annoncer « une descente en masse » au Salon de l'agriculture, qui s'ouvre demain à Paris, histoire d'en discuter de vive voix avec les ministres concernés...
Nitrates. Les raisons de la colère (Télégramme)
Le site de Télégramme
Réunies, hier à Brest, à la suite du saccage des locaux d'Eau et Rivières, lla veille à Brest, les asssociations bretonnes de défense de l'environnement ont dénoncé la « démagogie » d'un syndicat agricole et l'attentisme de l'Etat. .
La colère gronde dans la campagne bretonne (notre édition d'hier) depuis que l'Etat a annoncé des mesures radicales autour de neuf captages d'eau, trop chargés en nitrates. Retour sur un dossier qui oppose Bruxelles à la Bretagne depuis quinze ans.
Depuis 1992, date à laquelle Eau et Rivières a porté plainte auprès de Bruxelles pour non-application de la directive nitrates de 1975, les rivières bretonnes sont surveillées de très près par les autorités européennes. Cette directive de 1975 fixe un plafond de 50 mg de nitrates par litre au-delà duquel les collectivités ne peuvent effectuer des prélèvements dans les eaux superficielles pour produire de l'eau destinée à la consommation humaine. Outre sa condamnation par la Cour européenne de justice, le 8 mars 2001, la France s'est fait tirer l'oreille à plusieurs reprises, la Commission européenne lui reprochant de traîner les pieds dans sa lutte contre les nitrates.
28 captages redevenus conformes
Malgré tout, depuis 2001, l'Etat et la profession agricole ont agi pour réduire la pollution puisque le contentieux a été abandonné pour 28 captages sur les 37 qui étaient hors-normes à l'origine. Aujourd'hui, il n'en reste donc plus que neuf dans le collimateur de Bruxelles. Mais la Commission européenne, très impatiente, considère que le délai laissé depuis 2001 aurait dû être largement suffisant pour rétablir la conformité des prises d'eau. Elle a donc demandé à la France d'accélérer le pas en prenant des mesures supplémentaires, sinon gare aux sanctions financières ! D'où les mesures radicales annoncées par le préfet de Région, le 12 février dernier, aux agriculteurs : limitation drastique de la fertilisation azotée sur les neuf bassins-versants concernés, accompagnée, dans les quatre bassins les plus dégradés, d'une réduction de cheptel de 25 à 30 %. Pour ces quatre bassins dans le rouge (Echelles, Horn, Ic et Bizien), l'Etat prévoit, en plus, de suspendre les prises d'eau, ce qui veut dire que les collectivités devront aller se servir ailleurs.
Une bombe
Cette annonce a fait l'effet d'une bombe dans le milieu agricole. « C'est une aberration technique et agronomique qui condamne l'élevage, surtout la production laitière », s'insurge André Sergent, de la chambre d'agriculture du Finistère, qui ajoute que, dans le Finistère, ce sont 300 exploitations qui voient leur avenir menacé, alors qu'elles ont lourdement investi pour se mettre aux normes et singulièrement amélioré leurs pratiques agronomiques. « Le temps de réponse de la nature, par rapport aux efforts menés, est différent, selon les bassins-versants », argumente-t-il. Sur ce dossier, le monde agricole est divisé. Pour la Confédération paysanne, la FRSEA, le syndicat majoritaire, « a trompé » les agriculteurs en annonçant que la qualité de l'eau était au rendez-vous. « Parce qu'ils tombent des nues, ces derniers se sont révoltés. La chose peut se comprendre ».
400 agriculteurs à Guingamp
Après Dinan, mardi soir, c'était au tour de Guingamp. Hier soir, environ 400 agriculteurs se sont, en effet, réunis devant les grilles de la sous-préfecture, à la suite de l'appel lancé par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs. Une mobilisation importante, malgré le temps pluvieux. L'objectif était, bien entendu, de maintenir la pression, suite aux mesures radicales annoncées le 12 février dernier (lire par ailleurs). Des mesures « sorties par des bureaucrates parisiens, qui ne connaissent pas les réalités du terrain », a dénoncé Jean-Jacques René (FDSEA). « On a, d'ores et déjà, obtenu que soit réalisée une expertise des bassins-versants visés ». Après avoir été reçus par le sous-préfet de Guingamp, les manifestants ont mis en place un barrage filtrant sur la RN12 dans le sens Brest-Rennes qui a été levé peu après 23 heures. (Photo Arnaud Morvan)
Les associations derrière Eau et Rivières
Ecœurées par les récents actes de vandalisme et les menaces attribués aux agriculteurs (notre édition d'hier), les associations bretonnes de protection de l'environnement (*) ont fait bloc, hier, à Brest, derrière Eaux et Rivières. Elles dénoncent la « démagogie » de la FDSEA, mais aussi l'attentisme de l'Etat.
« Nous avons un rôle d'alerte, qui n'est certes pas agréable. Mais nous n'avons jamais souhaité que la France soit condamnée par l'Europe. Nous demandions des actions fortes sur les bassins-versants ». Les associations de défense de l'environnement ont, d'une même voix, dénoncé la « piètre stratégie du bouc émissaire » entretenue, selon elles, par la FDSEA. Toutes pourfendent la ligne du syndicat agricole : « Si des mesures fortes n'ont pas été prises pendant quinze ans, c'est parce que ce syndicat s'y est opposé. Rejeter la faute sur les associations est une escroquerie intellectuelle insupportable. Certains leaders sont très forts en désinformation ».
« Nous allons voir si l'Etat va capituler ou tenir bon »
L'Etat n'est pas épargné. « Ces fermetures de captage par le préfet de Région auraient dû être prises il y a cinq ans. Elles sont insupportables pour tout le monde ». Elles attendent une position ferme face aux nouvelles exactions : « La violence et l'intimidation sont là. Nous allons voir si l'Etat va capituler ou tenir bon. Depuis vingt ans, il parie sur le court terme. Et aujourd'hui, ça coince ». Les incitations à une agriculture plus raisonnée, comme les CTE (contrats territoriaux d'exploitation) ont été, selon elles, sacrifiées sur l'autel de l'attentisme politique. « Cette agriculture existe pourtant. On doit lui donner des moyens ». Toutes insistent sur le fait qu'elles font la différence entre « le modèle dominant qui va dans le mur et ceux qui font des efforts. Tout le monde n'est pas à mettre dans le même sac ». Ces violences déconsidèrent, selon elles, « la partie des agriculteurs qui fait des efforts dans un contexte difficile ».
Silence des élus inacceptable
Les porte-parole de l'APPMA en ont profité pour redire leur refus catégorique d'un captage permanent sur l'Horn. « Cette interconnexion nous a été présentée comme une sécurité. Elle est en amont de Landivisiau (29). C'est 100 litres à la seconde qui seraient prélevés, diminuant d'autant les capacités de dilution de l'Elorn. On tuerait l'Elorn ». Toutes s'étonnent, enfin, du « silence radio » de la préfecture et des élus. « Leur silence de mort est absolument inacceptable ». Elles déclinent l'invitation au débat prévu avec les agriculteurs, aujourd'hui, à Plouvorn (29). « Nous ne discutons pas sous la menace et l'intimidation. Nous attendons un geste fort des syndicats. On ne peut pas souffler sur les braises et s'étonner quand quelqu'un dérape ! ». * La CLCV, S EAU S, Collectif Eau Pure, AE2D, Bretagne Vivante, « De la source à la mer », UFC Que choisir, AAPPMA et le collectif Cohérence, qui fédèrent 100 associations bretonnes, étaient représentées.
Vivarmor Nature. « Une faillite »
« Une faillite annoncée » : c'est ainsi qu'André Pochon (ci-dessus), président de Vivarmor-Nature, analyse la récente fermeture de quatre captages d'eau par le préfet de Région.
Pourquoi dites-vous que c'est une « faillite annoncée » ? Cela nous pendait au nez depuis longtemps. Aujourd'hui, on est dans le mur. Et ces fermetures ne font que retarder la condamnation de la France à une amende colossale (800 M€, plus des astreintes) qu'elle devra payer sur un budget déjà mal en point. C'est l'ensemble des contribuables qui payera les dégâts du modèle breton initié par une profession agricole et agroalimentaire, alors que certains éleveurs de porcs ont fait fortune.
La profession n'a-t-elle pourtant pas fait des efforts ? Oui, bien sûr. Malheureusement, les efforts de la majorité sont réduits à néant. Par exemple - ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui le disent - trois gros producteurs de porcs suffisent pour polluer le bassin-versant de l'Urne. Il faudrait des contrôles, des vérifications par l'administration.
Pourquoi Bruxelles réagit-elle de manière si vive ? La situation s'est brutalement dégradée. En octobre, 90 % des bassins-versants étaient dans les clous. La proportion est soudainement passée à 60 % sous l'action des pluies, après une longue période de sécheresse. Quinze bassins sont actuellement dans le collimateur de l'Europe ; neuf sont dans le rouge, dont l'Arguenon, qui alimente le tiers des Costarmoricains.
Est-ce une situation irrémédiable ? Il existe une porte de sortie. Le modèle intensif hors sol lisier associé aux surfaces démesurées en maïs fourrage a vécu. La solution est dans la polyculture élevage à base d'herbe, de compost, d'assolement et de fertilisation équilibrée. Il faut fixer un maximum de 140 kg d'azote en moyenne à l'hectare, interdire de drainer et d'araser, obliger à remettre en herbe les fonds de vallée et reconstruire talus et haies. Il faut aussi reconvertir les élevages de porcs sur lisier, en élevages sur litières. Ce qui, outre une amélioration en termes de bien-être animal et d'odeurs, contribue à faire remonter le taux de matières organiques dans le sol et donc à capter du carbone, ce qui limiter l'effet de serre.
Tout le monde est-il prêt à accepter ces mesures ? Les tenants de l'agriculture intensive ont entamé le bras de fer. Ils affirment qu'il faut un minimum de 220 kg d'azote à l'hectare pour des cultures correctes. Pour certaines cultures légumières, c'est vrai. Pour le reste, c'est faux. La moyenne des exploitations du Cedapa est de 100 kg à l'hectare et ça marche. Les résultats économiques du réseau agriculture durable sont supérieurs d'un tiers à ceux des éleveurs conventionnels, alors que le cahier des charges impose une diminution par vingt des pesticides et par trois du bilan azote. * Centre d'étude pour un développement agricole plus autonome.
Réunies, hier à Brest, à la suite du saccage des locaux d'Eau et Rivières, lla veille à Brest, les asssociations bretonnes de défense de l'environnement ont dénoncé la « démagogie » d'un syndicat agricole et l'attentisme de l'Etat. .
La colère gronde dans la campagne bretonne (notre édition d'hier) depuis que l'Etat a annoncé des mesures radicales autour de neuf captages d'eau, trop chargés en nitrates. Retour sur un dossier qui oppose Bruxelles à la Bretagne depuis quinze ans.
Depuis 1992, date à laquelle Eau et Rivières a porté plainte auprès de Bruxelles pour non-application de la directive nitrates de 1975, les rivières bretonnes sont surveillées de très près par les autorités européennes. Cette directive de 1975 fixe un plafond de 50 mg de nitrates par litre au-delà duquel les collectivités ne peuvent effectuer des prélèvements dans les eaux superficielles pour produire de l'eau destinée à la consommation humaine. Outre sa condamnation par la Cour européenne de justice, le 8 mars 2001, la France s'est fait tirer l'oreille à plusieurs reprises, la Commission européenne lui reprochant de traîner les pieds dans sa lutte contre les nitrates.
28 captages redevenus conformes
Malgré tout, depuis 2001, l'Etat et la profession agricole ont agi pour réduire la pollution puisque le contentieux a été abandonné pour 28 captages sur les 37 qui étaient hors-normes à l'origine. Aujourd'hui, il n'en reste donc plus que neuf dans le collimateur de Bruxelles. Mais la Commission européenne, très impatiente, considère que le délai laissé depuis 2001 aurait dû être largement suffisant pour rétablir la conformité des prises d'eau. Elle a donc demandé à la France d'accélérer le pas en prenant des mesures supplémentaires, sinon gare aux sanctions financières ! D'où les mesures radicales annoncées par le préfet de Région, le 12 février dernier, aux agriculteurs : limitation drastique de la fertilisation azotée sur les neuf bassins-versants concernés, accompagnée, dans les quatre bassins les plus dégradés, d'une réduction de cheptel de 25 à 30 %. Pour ces quatre bassins dans le rouge (Echelles, Horn, Ic et Bizien), l'Etat prévoit, en plus, de suspendre les prises d'eau, ce qui veut dire que les collectivités devront aller se servir ailleurs.
Une bombe
Cette annonce a fait l'effet d'une bombe dans le milieu agricole. « C'est une aberration technique et agronomique qui condamne l'élevage, surtout la production laitière », s'insurge André Sergent, de la chambre d'agriculture du Finistère, qui ajoute que, dans le Finistère, ce sont 300 exploitations qui voient leur avenir menacé, alors qu'elles ont lourdement investi pour se mettre aux normes et singulièrement amélioré leurs pratiques agronomiques. « Le temps de réponse de la nature, par rapport aux efforts menés, est différent, selon les bassins-versants », argumente-t-il. Sur ce dossier, le monde agricole est divisé. Pour la Confédération paysanne, la FRSEA, le syndicat majoritaire, « a trompé » les agriculteurs en annonçant que la qualité de l'eau était au rendez-vous. « Parce qu'ils tombent des nues, ces derniers se sont révoltés. La chose peut se comprendre ».
400 agriculteurs à Guingamp
Après Dinan, mardi soir, c'était au tour de Guingamp. Hier soir, environ 400 agriculteurs se sont, en effet, réunis devant les grilles de la sous-préfecture, à la suite de l'appel lancé par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs. Une mobilisation importante, malgré le temps pluvieux. L'objectif était, bien entendu, de maintenir la pression, suite aux mesures radicales annoncées le 12 février dernier (lire par ailleurs). Des mesures « sorties par des bureaucrates parisiens, qui ne connaissent pas les réalités du terrain », a dénoncé Jean-Jacques René (FDSEA). « On a, d'ores et déjà, obtenu que soit réalisée une expertise des bassins-versants visés ». Après avoir été reçus par le sous-préfet de Guingamp, les manifestants ont mis en place un barrage filtrant sur la RN12 dans le sens Brest-Rennes qui a été levé peu après 23 heures. (Photo Arnaud Morvan)
Les associations derrière Eau et Rivières
Ecœurées par les récents actes de vandalisme et les menaces attribués aux agriculteurs (notre édition d'hier), les associations bretonnes de protection de l'environnement (*) ont fait bloc, hier, à Brest, derrière Eaux et Rivières. Elles dénoncent la « démagogie » de la FDSEA, mais aussi l'attentisme de l'Etat.
« Nous avons un rôle d'alerte, qui n'est certes pas agréable. Mais nous n'avons jamais souhaité que la France soit condamnée par l'Europe. Nous demandions des actions fortes sur les bassins-versants ». Les associations de défense de l'environnement ont, d'une même voix, dénoncé la « piètre stratégie du bouc émissaire » entretenue, selon elles, par la FDSEA. Toutes pourfendent la ligne du syndicat agricole : « Si des mesures fortes n'ont pas été prises pendant quinze ans, c'est parce que ce syndicat s'y est opposé. Rejeter la faute sur les associations est une escroquerie intellectuelle insupportable. Certains leaders sont très forts en désinformation ».
« Nous allons voir si l'Etat va capituler ou tenir bon »
L'Etat n'est pas épargné. « Ces fermetures de captage par le préfet de Région auraient dû être prises il y a cinq ans. Elles sont insupportables pour tout le monde ». Elles attendent une position ferme face aux nouvelles exactions : « La violence et l'intimidation sont là. Nous allons voir si l'Etat va capituler ou tenir bon. Depuis vingt ans, il parie sur le court terme. Et aujourd'hui, ça coince ». Les incitations à une agriculture plus raisonnée, comme les CTE (contrats territoriaux d'exploitation) ont été, selon elles, sacrifiées sur l'autel de l'attentisme politique. « Cette agriculture existe pourtant. On doit lui donner des moyens ». Toutes insistent sur le fait qu'elles font la différence entre « le modèle dominant qui va dans le mur et ceux qui font des efforts. Tout le monde n'est pas à mettre dans le même sac ». Ces violences déconsidèrent, selon elles, « la partie des agriculteurs qui fait des efforts dans un contexte difficile ».
Silence des élus inacceptable
Les porte-parole de l'APPMA en ont profité pour redire leur refus catégorique d'un captage permanent sur l'Horn. « Cette interconnexion nous a été présentée comme une sécurité. Elle est en amont de Landivisiau (29). C'est 100 litres à la seconde qui seraient prélevés, diminuant d'autant les capacités de dilution de l'Elorn. On tuerait l'Elorn ». Toutes s'étonnent, enfin, du « silence radio » de la préfecture et des élus. « Leur silence de mort est absolument inacceptable ». Elles déclinent l'invitation au débat prévu avec les agriculteurs, aujourd'hui, à Plouvorn (29). « Nous ne discutons pas sous la menace et l'intimidation. Nous attendons un geste fort des syndicats. On ne peut pas souffler sur les braises et s'étonner quand quelqu'un dérape ! ». * La CLCV, S EAU S, Collectif Eau Pure, AE2D, Bretagne Vivante, « De la source à la mer », UFC Que choisir, AAPPMA et le collectif Cohérence, qui fédèrent 100 associations bretonnes, étaient représentées.
Vivarmor Nature. « Une faillite »
« Une faillite annoncée » : c'est ainsi qu'André Pochon (ci-dessus), président de Vivarmor-Nature, analyse la récente fermeture de quatre captages d'eau par le préfet de Région.
Pourquoi dites-vous que c'est une « faillite annoncée » ? Cela nous pendait au nez depuis longtemps. Aujourd'hui, on est dans le mur. Et ces fermetures ne font que retarder la condamnation de la France à une amende colossale (800 M€, plus des astreintes) qu'elle devra payer sur un budget déjà mal en point. C'est l'ensemble des contribuables qui payera les dégâts du modèle breton initié par une profession agricole et agroalimentaire, alors que certains éleveurs de porcs ont fait fortune.
La profession n'a-t-elle pourtant pas fait des efforts ? Oui, bien sûr. Malheureusement, les efforts de la majorité sont réduits à néant. Par exemple - ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui le disent - trois gros producteurs de porcs suffisent pour polluer le bassin-versant de l'Urne. Il faudrait des contrôles, des vérifications par l'administration.
Pourquoi Bruxelles réagit-elle de manière si vive ? La situation s'est brutalement dégradée. En octobre, 90 % des bassins-versants étaient dans les clous. La proportion est soudainement passée à 60 % sous l'action des pluies, après une longue période de sécheresse. Quinze bassins sont actuellement dans le collimateur de l'Europe ; neuf sont dans le rouge, dont l'Arguenon, qui alimente le tiers des Costarmoricains.
Est-ce une situation irrémédiable ? Il existe une porte de sortie. Le modèle intensif hors sol lisier associé aux surfaces démesurées en maïs fourrage a vécu. La solution est dans la polyculture élevage à base d'herbe, de compost, d'assolement et de fertilisation équilibrée. Il faut fixer un maximum de 140 kg d'azote en moyenne à l'hectare, interdire de drainer et d'araser, obliger à remettre en herbe les fonds de vallée et reconstruire talus et haies. Il faut aussi reconvertir les élevages de porcs sur lisier, en élevages sur litières. Ce qui, outre une amélioration en termes de bien-être animal et d'odeurs, contribue à faire remonter le taux de matières organiques dans le sol et donc à capter du carbone, ce qui limiter l'effet de serre.
Tout le monde est-il prêt à accepter ces mesures ? Les tenants de l'agriculture intensive ont entamé le bras de fer. Ils affirment qu'il faut un minimum de 220 kg d'azote à l'hectare pour des cultures correctes. Pour certaines cultures légumières, c'est vrai. Pour le reste, c'est faux. La moyenne des exploitations du Cedapa est de 100 kg à l'hectare et ça marche. Les résultats économiques du réseau agriculture durable sont supérieurs d'un tiers à ceux des éleveurs conventionnels, alors que le cahier des charges impose une diminution par vingt des pesticides et par trois du bilan azote. * Centre d'étude pour un développement agricole plus autonome.
Vandalisme. Les associations font bloc derrière Eau et Rivières (Télégramme)
Site du Télégramme
Écœurées par les récents actes de vandalisme et les menaces attribués aux agriculteurs (notre édition d'hier), les associations bretonnes de protection de l'environnement (*) ont fait bloc, hier, à Brest, derrière Eau et Rivières. Elles dénoncent la « démagogie » de la FDSEA mais aussi l'attentisme de l'État.
« Nous avons un rôle d'alerte, qui n'est certes pas agréable. Mais nous n'avons jamais souhaité que la France soit condamnée par l'Europe. Nous demandions des actions fortes sur les bassins-versants ». Les associations de défense de l'environnement ont, d'une même voix, dénoncé la « piètre stratégie du bouc émissaire » entretenue, selon elles, par la FDSEA. Toutes pourfendent la ligne du syndicat agricole : « Si des mesures fortes n'ont pas été prises pendant 15 ans, c'est parce que ce syndicat s'y est opposé. Rejeter la faute sur les associations est une escroquerie intellectuelle insupportable. Certains leaders sont très forts en désinformation ».
« Nous allons voir si l'État va capituler ou tenir bon »
L'État n'est pas épargné. « Ces fermetures de captage par le préfet de Région auraient dû être prises il y a cinq ans. Elles sont insupportables pour tout le monde ». Elles attendent une position ferme face aux nouvelles exactions : « La violence et l'intimidation sont là. Nous allons voir si l'État va capituler ou tenir bon. Depuis 20 ans, il parie sur le court terme. Et aujourd'hui, ça coince ».
Au préjudice des autres agriculteurs
Les incitations à une agriculture plus raisonnée, comme les CTE (contrats territoriaux d'exploitation) ont été, selon elles, sacrifiées sur l'autel de l'attentisme politique.
« Cette agriculture existe pourtant. On doit lui donner des moyens ». Toutes insistent sur le fait qu'elles font la différence entre « le modèle dominant qui va dans le mur et ceux qui font des efforts. Tout le monde n'est pas à mettre dans le même sac ». Ces violences déconsidèrent selon elles « la partie des agriculteurs qui fait des efforts dans un contexte difficile ».
Silence des élus inacceptable
Les porte-parole de l'APPMA en ont profité pour redire leur refus catégorique d'un captage permanent sur l'Horn. « Cette interconnexion nous a été présentée comme une sécurité. Elle est en amont de Landivisiau (29). C'est 100 litres à la seconde qui seraient prélevés, diminuant d'autant les capacités de dilution de l'Elorn. On tuerait l'Elorn ». Toutes s'étonnent enfin du « silence radio » de la préfecture et des élus. « Leur silence de mort est absolument inacceptable ». Elles déclinent l'invitation au débat prévu avec les agriculteurs, aujourd'hui, à Plouvorn (29). « Nous ne discutons pas sous la menace et l'intimidation. Nous attendons un geste fort des syndicats. On ne peut pas souffler sur les braises et s'étonner quand quelqu'un dérape ! ». * La CLCV, S EAU S, Collectif Eau Pure, AE2D, Bretagne Vivante, « De la source à la mer », UFC Que choisir, AAPPMA et le collectif Cohérence, qui fédèrent 100 associations bretonnes, étaient représentées.
Thierry Charpentier
Écœurées par les récents actes de vandalisme et les menaces attribués aux agriculteurs (notre édition d'hier), les associations bretonnes de protection de l'environnement (*) ont fait bloc, hier, à Brest, derrière Eau et Rivières. Elles dénoncent la « démagogie » de la FDSEA mais aussi l'attentisme de l'État.
« Nous avons un rôle d'alerte, qui n'est certes pas agréable. Mais nous n'avons jamais souhaité que la France soit condamnée par l'Europe. Nous demandions des actions fortes sur les bassins-versants ». Les associations de défense de l'environnement ont, d'une même voix, dénoncé la « piètre stratégie du bouc émissaire » entretenue, selon elles, par la FDSEA. Toutes pourfendent la ligne du syndicat agricole : « Si des mesures fortes n'ont pas été prises pendant 15 ans, c'est parce que ce syndicat s'y est opposé. Rejeter la faute sur les associations est une escroquerie intellectuelle insupportable. Certains leaders sont très forts en désinformation ».
« Nous allons voir si l'État va capituler ou tenir bon »
L'État n'est pas épargné. « Ces fermetures de captage par le préfet de Région auraient dû être prises il y a cinq ans. Elles sont insupportables pour tout le monde ». Elles attendent une position ferme face aux nouvelles exactions : « La violence et l'intimidation sont là. Nous allons voir si l'État va capituler ou tenir bon. Depuis 20 ans, il parie sur le court terme. Et aujourd'hui, ça coince ».
Au préjudice des autres agriculteurs
Les incitations à une agriculture plus raisonnée, comme les CTE (contrats territoriaux d'exploitation) ont été, selon elles, sacrifiées sur l'autel de l'attentisme politique.
« Cette agriculture existe pourtant. On doit lui donner des moyens ». Toutes insistent sur le fait qu'elles font la différence entre « le modèle dominant qui va dans le mur et ceux qui font des efforts. Tout le monde n'est pas à mettre dans le même sac ». Ces violences déconsidèrent selon elles « la partie des agriculteurs qui fait des efforts dans un contexte difficile ».
Silence des élus inacceptable
Les porte-parole de l'APPMA en ont profité pour redire leur refus catégorique d'un captage permanent sur l'Horn. « Cette interconnexion nous a été présentée comme une sécurité. Elle est en amont de Landivisiau (29). C'est 100 litres à la seconde qui seraient prélevés, diminuant d'autant les capacités de dilution de l'Elorn. On tuerait l'Elorn ». Toutes s'étonnent enfin du « silence radio » de la préfecture et des élus. « Leur silence de mort est absolument inacceptable ». Elles déclinent l'invitation au débat prévu avec les agriculteurs, aujourd'hui, à Plouvorn (29). « Nous ne discutons pas sous la menace et l'intimidation. Nous attendons un geste fort des syndicats. On ne peut pas souffler sur les braises et s'étonner quand quelqu'un dérape ! ». * La CLCV, S EAU S, Collectif Eau Pure, AE2D, Bretagne Vivante, « De la source à la mer », UFC Que choisir, AAPPMA et le collectif Cohérence, qui fédèrent 100 associations bretonnes, étaient représentées.
Thierry Charpentier